Libé : Pouvez-vous nous décrire le genre de liens que vous entretenez avec Dakhla ?
Françoise Bastide : Vous savez, dans la vie, ce sont souvent des petites choses qui en déclenchent des grandes. Je suis venue à Dakhla en 2009, accompagnée d’une délégation de l’Institut marocain des relations internationales (IMRI) qui a été initié par mon beau-frère Jaouad Kerdoudi.
Nous étions sur le port de Dakhla en train de visiter les installations. Il y avait un vieux monsieur, très noble qui nous regardait puis il était venu nous demander qui nous étions et ce que nous faisions en ville. Nous lui avions répondu que nous sommes une délégation de l’IMRI venue visiter la région. Moi, pour lui être agréable, je lui dis que nous étions venus voir qui il est. Il me regarda et me dit : « Il vous a fallu 35 ans pour venir voir qui nous sommes ». A ce moment-là, j’ai compris qu’il y avait réellement quelque chose qui manquait. On a réuni le Maroc dans l’unité des cœurs, mais l’unité des hommes, restait encore à faire. Je me suis, donc, dit : voici une mission très importante : travailler pour l’unité. C’est ce que j’essaie de faire depuis 2009. Je viens régulièrement à Dakhla, je vais dans le désert et j’essaye de connaître toutes les tribus.
Vous êtes venue assister aux festivités marquant le 14 août qui est une date mémorable dans l’histoire de Dakhla. Que représente pour vous cette fête ?
Vous savez, depuis 2009, j’écris énormément sur les réseaux sociaux. De nombreux, des milliers de jeunes Marocains me font confiance et, ensemble on a découvert beaucoup de choses et fait de nombreux voyages. Je voudrais leur faire toucher du doigt combien est importante cette date du 14 août et combien elle est émouvante. Parce que c’est le 14 août 1979 que les tribus réunies sont allées à Rabat et ont fait allégeance à S.M le Roi Hassan II, que Dieu ait son âme. En fait, ils font ce qu’ils avaient toujours fait à travers les siècles. Mais là on a sauté le pont de la colonisation qui a tellement entamé le pays et les choses ont repris leur cours normal. Donc, il y a deux dates pour moi qui sont très importantes dans le calendrier patriotique, à savoir le 6 novembre 1975 et le 14 août 1979.
Vous avez constaté la métamorphose qu’a connue la ville de Dakhla. Quelle estimation en faites-vous ?
C’est très rare dans une vie d’homme de dire qu’en l’espace de 20 ans, une ville entière a surgi de terre. Le Maroc a eu ce génie que je compare des fois à l’empire romain. Il est capable de faire sortir des villes de terre, de viabiliser, de construire des routes, des aéroports, de palais de congrès. Mieux encore, Dakhla a, aujourd’hui, toutes les infrastructures nécessaires. J’ai même appris qu’il y avait des maisons citoyennes dans chaque quartier. Il doit en avoir à Dakhla, ce qui est extraordinaire. Je pense pour en avoir parlé avec le wali qu’on va s’occuper de patrimoine immatériel, de rencontres, de développement des quartiers, de culture, de relations humaines, de civilisation. C’est une grande aventure. Je pense que Dakhla sera, peut-être même à la pointe en politique de la ville dans les quelques années à venir.